Sacré Nanard, va. S’il fallait retenir un symbole de ce monde qui marche sur la tête, il pourrait être un bon candidat. Ex-chanteur de variété raté, devenu entrepreneur en pleine période du début d’un capitalisme sauvage dit de « jet-set », choisi comme ministre par un Mitterrand n’écoutant plus déjà que les sirènes de comment se maintenir au pouvoir (on va dire qu’il a eu sa période Maduro, pour simplifier), l’homme n’a eu de cesse de se retrouver dans des coups foireux. Examinons d’abord le goût de Nanard pour les avions à réaction. Voici Nanard et les jets, ou l’histoire du chasseur devenu pour une fois pigeon…
Bernard Tapie et les avions, me rappelle mon pote Falcon, c’est une vieille histoire. Commençons par le tout premier à croiser son regard. Historiquement, ce n’est pas tout près, en effet. Nous sommes en 1970, et Sud-Aviation et Nord-Aviation sont tentés de concurrencer le Mystère 10 de Dassault, ou les avions américains tels que le Cessna Citation ou le T-39A Sabreliner de chez North American Rockwell …. avec une étude appellée SN-600 Diplomate. Si le projet fait flop, un modèle évolué appelé SN-601 Corvette voit le jour. C’est un petit jet capable d’emporter entre huit et quatorze passagers qui vole pour la première fois le 20 décembre 1972 (il deviendra en 1991-1993 la mascotte du Centre d’Essais en Vol (ou CEV)), et il se retrouve au salon du Bourget de 1973… où personne ne l’achète ou presque. L’Etat lui donne un coup de pouce, en en achetant trois exemplaires pour servir de transport de hautes personnalités et de liaisons rapides : ce sont les 4 premiers sortis. On recense 40 exemplaires construits, pendant 6 ans, dont 14 volant encore en 2010.
Bernard Tapie achète la Corvette F-BVPA, la N°5 (première des avions de série donc) en novembre 85, le pilote (il est qualifié pour) et se fait abondamment photographier à bord : il a compris l’impact de ce genre de cliché dans les médias : l’homme maître à bord d’un jet devrait « naturellement » savoir garder la barre d’une entreprise. L’image de garder la barre vaut aussi pour le Phocea, remarquez. L’homme est une vraie pile électrique disent ses proches : en 1984, il vient de rafler la société Wonder, rachetée pour un franc symbolique et revendue 470 millions de francs quatre ans plus tard à l’américain Ralston…
Mais la Corvette semble déjà trop petite pour l’ambitieux Nanard, qui s’en sépare dès le mois de mars 1986. Il a volé 5 mois avec seulement ! L’avion commencera sa carrière chez Air-Alpes, comme on peut le voir ici sur la photo , puis chez Casa Air Services, société marocaine, donc, sous l’immatriculation CN-TDE. On la voir ici se poser et redécoller à Savacem, près de Lisbonne : l’avion demeure bruyant. On peut apercevoir une autre Corvette la F-GJAP (ex F-WZSB, N602AN, F-BTTK, F-WNGZ) dans le film « Cloclo », illustrant l’époque des stars volants en jet privé, dont Claude Français (lui aussi utilisait beaucoup les avions privés : on peut le voir ici avec Kathalyn Jones, sa dernière compagne, il revenait de Suisse en avion privé de location- un Beechraft- la veille de sa mort, piloté par Jean-Pierre Toucas, Johnny ayant son propre pilote attitrée Claude Domergue, le responsable de l’aéedrome de La Vèze…photo ci-contre, collection Domergue). La Corvette N°31, avant dernière produite a été offerte au musée de l’Air et de l’Espace, on voit ici son arrivée lors de son dernier vol le 17 octobre 2009. Dans le film Taken 3, on peut aussi en apercevait une autre, portant la fausse immatriculation N-8566E. C’est en fait le F-BVPK, l’avion de du lycée professionnel Aristide Briand de Blanc Mesnil (ici avant son transfert en 2012).
Voici donc Saint-Bernard, sauveur d’entreprise, et un autre avion, plus à la taille de son ambition. C’est le Falcon 20 immatriculé F-GHBT basé chez EFS au Bourget. Là encore il s’y fait photographier à la place du pilote, ou en train de monter dedans de façon.. dynamique, image de marque oblige. L’avion a appartenu à FIAT à partir de décembre 1968 et est devenu GIE B.T. Aviation le 26 décembre 1985. Tout le monde aura relevé que Bernard Tapie, avec cet exemplaire a reçu une fleur de l’administrations civile : il porte ses initiales sur ses réacteurs (les B et T de F-GHBT). L’avion sera revendu en août 1994 à United Fruit, ou il devient le N100UF. Le Falcon 20 F-GHBT avait été revendu au broker Peregrine Aviation, qui avait demandé une immatriculation américaine se terminant en BT (le bonhomme faisait encore vendre en ce temps-là !), mais United Food avait demandé N100UF. L’avion a fini N301TT, vu ici à Orlando en février 2000.
En 1985, Nanard, lorsqu’il ne se fait pas photographier en avion, fait la une des journaux pour les succès de son équipe cycliste dans le tour de France avec Bernard Hinault qui porte le maillot de l’entreprise la Vie Claire, pionnière du « Bio » en France. L’année précédente, il a été élu « Homme de l’année 1984″. Un capitaliste ravageur, qui lui fait reprendre des entreprises dans lesquelles ils découpe au couteau les effectifs, au moment où le gouvernement socialiste d’alors, prône… la rigueur !!! Ils découpe les entreprises, mais porte une grande attention aux biens immobiliers qui s’y rattachent. Et passe son temps à voler d’entreprise en entreprise : on le voit ici sur les deux photos en noir et blanc monter à bord de son Falcon à Vichy le 24 Juin 1988. Une réussite qui dérange, mais l’homme à l’art de se présenter comme sauveur d’entreprises et même, il faut le faire, comme créateur d’emplois ! Le voilà dans la liges de mire de Mitterrand dont le second mandat s’essouffle vite. Le Falcon 20, il l’utilise de décembre 1985 à décembre 1989. Il ne pourra le garder. A peine entré au gouvernement, en 1992, les ennuis commencent. La revente d’Adidas par un mandat de vente octroyé à SDBO, filiale du Crédit Lyonnais va être à l’origine d’un conflit majeur entre lui et la banque.
Mais avant ça, il s’est déjà fait épingler… par la douane française, comme le montre le livre « Notre ami Bernard Tapie » de Ian Hamel, qui évoque déjà une forme de « complicité » avec un Bérégovoy bien léger et fort peu sourcilleux : « Avec Bemard Tapie, on ne peut meme plus parler de légéreté. Le 12 juillet 1985, en plein Tour de France, l’homme d’affaires est iııculpe pour infraetion au contrôle des changcs. « Lcs douaniers l’accusent d’avoir illicilemcnt transfere 1,5 million de franes en Suisse, entre 1978 et 1980. » Le jour meme, Bernard Tapie reçoit trois journalistes du Nouvel Observcıteur dans son bureau de l’avenue de Friedland. Ces derniers sont témoins d’un entretien surréaliste avec Pierre Beregovoy : « Les journalistes, médusés, entendent alors le ministre des Finances s’excuser de n’avoir pu s’opposer â cette inculpation, et promettre â son interlocuteur d’ordonner une enquête sur… les fuites qui ont permis la divulgation du dossier ! Tapie transigera avec les douanes, en déboursant un million de franes—. » Valerie Lecasble et Airy Routier préciseııt que c’est par le biais d’une societe d’assurances fictive, baptisée Jassica, que Bernard Tapie a fait transférer l’argent. « Le vendredi 27 octobre 1983, Carole Barbey, juge d’instruction â Genève, a fait incarcérer Charles Craissati, administrateur de Jessica. Cet homme d’affaires libanais, residant â Geneve, faisait commerce du placement de fonds étrangers en Suisse—. » Charles Craissati n’était pas seulement le correspondant de Bernard Tapie, il travaillait également avec le fameux Claude Colombani, directeur juridique et financier de la Fiduciaire de France, qui a mis les pieds â l’étrier au bateleur. Ces écrits n’ont jamais été démentis, ni par Tapie ni par Bérégovoy. Cela n’empêhera pas le pilleur d’épaves de crier plus tard au complot « du RPR qui noyaute l’administration des douanes ». Mais tout en se defendant, il reconnaît ses turpitudes : « Ils veulent m’empecher d’être ministre, les ıats, quel brıit pour rien, comme s’ils ignoraient qu’on ne réussit pas une ascension comme la mienne sans bousculer parfois les barrières—. » Dans le livre « Le Phénix: Le retour de Bernard Tapie » d’Airy Routier, on découvre que la forte complicité Colombani-Tapie s’était faite dès la première entrevue et la décision de racheter deux société papetières en difficulté, Duverger et Diguet-Denis. Tapie et lui rachètent en effet à bas prix mais avec les immeubles, qui eux valent davantage (la première sera racheté par sa propre vente !) : ils achètent ensuite Laroche-Joubert qui procure 6 millions de francs de plus value d’immeubles et en en 1981, ils revendent tout pour 26 millions… de quoi voler tous les jours en Falcon !
Sa faillite est néanmoins annoncée en 1994 : l’avion fait partie de ce qui est saisi par la banque qui a avancé l’argent pour l’acheter : il a encore dessus une dette de 4,7 millions de francs. C’est donc en fait la Société Générale qui le revend à United Fruit. Mais via un parcours plutôt chaotique passant de la BNP à la Société Générale ; l’avion est en effet passé en 1986 par SA UNI Air International, qui est remplacé par Charter Data, puis par CM-CIC Bail SA, puis enfin BNP Bail SA le 23 mars 1986 pour atterrir en mars 1987 chez Sofinabail, Société Financière pour le Crédit Bail SA… Sofinabail étant une filiale de la Société Générale !
Car voilà donc notre flamboyant redresseur d’entreprises éjecté de son ministère par une drôle de porte : celle du football. Il effectue en effet 165 jours de prison avant d’être libéré sous conditions le 25 juillet 1997. Deux ans auparavant, il avait été condamné en première instance le 15 mai 1995 à 2 ans de prison dont un ferme, une peine ramenée en appel en novembre 1995 à 2 ans de prison dont 8 mois ferme et une inéligibilité de 3 ans !!! A l’origine de son emprisonnement, une sombre histoire de match truqué entre Valenciennes et l’OM, club dont il est devenu le patron… Tapie pensait pouvoir tout acheter… le club qualifié pour la finale de la Coupe des Champions (qu’il allait remporter) avait tenté de faire « lever le pied » à des joueurs adverses, pour surtout qu’il n’y ait pas de blessés. Son club se retrouve en faillite l’année suivante, faute de pouvoir jouer des matches européens. Le Crédit Lyonnais lui réclame alors ce qu’il lui doit. Suit une bagarre judiciaire sans précédent ; la justice lui donne raison en 2009, et en 1996 ordonne à la Banque de lui verser 600 millions. En appel, la somme est ramenée le 30 septembre 2005 à 135 millions mais le jugement est cassé en cassation… Le voilà donc bien en disgrâce, mais il s’est trouvé un autre ami. Après la gauche, la droite. Il a rencontré, grâce lui aussi à Séguéla, un certain Nicolas Sarkozy. Comme par hasard, à peine ce dernier élu, l’idée d’un arbitrage en droit sur le fond de l’affaire apparaît. En juillet 2008, le tribunal arbitral ordonne de rendre 243 millions d’euros à Tapie, au titre matériel, plus 115 millions d’euros d’intérêts pour le préjudice datant de 1993, et ajoute même 45 millionsd’euros de préjudice moral en cadeau : cela fait au total 403 millions !!! La ministre des Finances Christine Lagarde (future dirigeante du FMI) a en effet donné son accord.
Mais de 2008 à 2015, Tapie a largement eu le temps de se remplumer et de…. recommencer sa vie flamboyante. Le Phocea a été vendu il y a longtemps -, en 1997- à la milliardaire libanaise Mona Ayoub (qui l’avait enlaidi à souhait en le surchargeant de marbre et de dorures !). Depuis, il aurait été acheté paraît-il par Xavier Niel « et d’autres investisseurs » dont j’ai retrouvé la trace… au Luxembourg, mais le bateau est aujourd’hui… ailleurs, coincé à Phuket, dans une position d’imbroglio légal (je vous l’expliquerai un jour, pour sûr, et ça va être folichon : car le bateau, ni Niel ni les « autres » ne le réclament aujourd’hui… comme c’est étrange !!!). Nanard, lui, s’en est offert un autre : début 2010, un autre yacht (annoncé en vente à 70 millions, mais Tapie clame l’avoir eu pour la moitié seulement).
C’est le « Reborn », ancien « Boadicea », navire relativement ancien (il date de 1999), enregistré, lui, … en Angleterre, pour être remis à neuf. Il fait 75, 5 m de long, 14 de large, et emporte 290 000 litres de fuel à bord pour les moteurs (deux Carterpillar de 1 750 ch !). A 1,30 euros le litre, à chaque fois que Tapie part en croisière, ça lui coûte 377 000 euros pour faire le plein. Le prix d’une villa ou l’équivalent de 269 Smics ! Le bateau a déjà depuis été revendu… 44 millions d’euros, suite à l’annonce de la saisie de ses biens après la dénonciation du fameux arbitrage de 2008… à droite la villa « La Mandala » à Saint-Tropez, aperçue dans l’émission Envoyé spécial du 20 juin 2013 et saisie aujourd’hui elle aussi. Valeur : 48 millions d’euros.
Le problème étant cette fois l’acheteur : le contrat de vente a été fait par la société Everton, située aux îles Caïmans (ah tiens !), dont les fonds véritables seraient en Suisse, à Lugano. Or à Monaco, les enquêteurs du Siccfin ont dévouvert je cite que « qu’Everton est détenue à 100% par une société panaméenne nommée Ansbury Investments, elle-même liée à une société de droit bahaméen Delanson Services, agissant en qualité de Trustee du trust The Summer Trust». Bref, un montage à tiroirs bien classique, qui dissimule au bout un homme bien connu : Gabriele Volpi, le sulfureux homme d’affaires italien installé au Nigeria, dont la fortune s’est faite grâce à l’ancien vice-président corrompu, Atiku Abubakar. L
‘une de ces épouses ayant été accusé de blanchiment d’argent par une enquête du Sénat américain. La société commune de Volpi et Abukabar s’appelle Container Services Nigeria (NICOTES) devenue depuis INTELS (Integrated and Logistics Services). Les méthodes d’Atiku Abubakar avait éclaté au grand jour aux USA début 2006 quand le Congressman Bill Jefferson (ici à droite) avait dit qu’il lui fallait « 500 000 dollars au moins » pour qu’il pousse la firme , iGate Inc. de McLean, Va., à investir au Nigeria. Jefferson avait en prime demandé que 5 à 7 % de la nouvelle compagnie Nigériane aille directement à sa famille pour constituer entre 2 500 et 5 000 dollars par mois !!! Le FBi retrouvera lors de son enquête 100 000 dollars en billets de 100 dissimulés dans un freezer, chez lui. Le 20 mai 2006, pour la première fois, le FBI avait perquisitionné chez un député américain (à gauche Tapie descendant d’un Learjet noir en 2001, très certainement le Learjet N838RC de RC Airways Inc Trustee, futur Maiton Air Inc Trustee) !!!
Et Nanard dans tout ça ? Eh bien comme le Reborn ne lui suffisait pas, visiblement, voilà que lesté des 403 millions il repart comme en quarante, achetant bateau, villas et.. avion. Il jette son dévolu le 11 janvier 2011 (on admirera au passage son sens de la symbolique (11012011) sur un bel oiseau : le Global Express n°9020 de construction, photographié ici à droite en 2010 par Andreas Schmucki). Oh certes, il n’est pas tout neuf. Il est sorti en avril 1999 de chez Bombardier pour porter l’immatriculation C-GEVV,puis faire des allers-retours chez Bombardier vers TAG et Aerotoy avant d’arriver chez Carre Aviation Ltd (l’appareil porte comme indicatif radio : Carre 1, puis Carre 2), la société à laquelle Bernard tapie va confier l’exploitation de son bel avion. Mal va lui en prendre, car pour une fois, c’est lui qui va y laisser des plumes. Et une belle poignée ! Car il est tombé sur une drôle de société, comme on va le voir… lui, si clairvoyant … avec de drôles de clients (dont Nanard !). Pourtant, il a droit en l’achetant à son immatriculation personnalisée ; le C-GEVV devenu N700GK, VP-BEN puis arrivé à Malte sous l’appellation N81ZZ se retrouve en effet aussitôt rebaptisé 9H-GBT (revoici la GIE B.T !!!).
L’avion valant ses 20 millions de dollars, Tapie a simplement investi 20% des parts d’une société d’aviation domiciliée dans la petite commune de Sliema. Une bien bizarre société… Médiapart, qui a relevé l’achat, donne des précisions sur l’appareil mais aussi la société qui le gère : « une chose est en revanche certaine: le 12 janvier dernier, dans la foulée du discret investissement maltais de Bernard Tapie, la société en question, baptisée Carre Aviation, a agrandi sa flotte avec l’achat d’un magnifique Bombardier Global Express BD700 (photo ci-dessus), estimé à plus de 20 millions de dollars, selon des spécialistes. Il s’agit d’un avion à réaction très longue portée, 30 mètres de long pour 28 d’envergure, avec une capacité de 8 à 19 passagers. Suprême coquetterie: la nouvelle immatriculation de l’avion – 9H-GBT – porte les initiales de Bernard Tapie (le “BT” de “GBT”), pratique courante dans l’aviation d’affaires pour marquer «son» engin au fer rouge. «Cela ne veut pas dire que c’est mon avion privé, je ne l’ai pris qu’une fois. Mais les gars de Carre Aviation m’ont dit que mes initiales, commercialement, ça les aide pour le louer aux clients de la boîte, pour la plupart du Qatar», explique M. Tapie. Interrogé sur les avantages fiscaux liés à Malte, l’ancien protégé du président François Mitterrand répond sans rire: «Mais il n’y a aucun avantage fiscal, rien ! L’assujettissement est le même. J’ai beaucoup de défauts, que vous avez d’ailleurs bien exagérés à Mediapart, mais pas celui-là. Et vous savez, les avions, ce ne sont pas des frites. C’est quand même contrôlé.» Bien sûr, Nanard !
Nanard devenu produit d’appel pour attirer les qataris, on aura tout vu. Remarquez, il peut, attirer la riche clientèle : l’avion a vu son intérieur fait par Pininfarina, en teintes de cours noirs de d’ameublements blancs et de chromes un peu clinquants (ici à droite), ce que son dépliant révèle. Mais ça ne va pas durer longtemps les amours avec Carre Aviation, car pour une fois, Nanard est tombé sur un os… inattendu chez lui… Le 20 novembre 2012, en effet, « au nom du peuple français », le premier président de la cour d’appel d’Aix en Provence rend un verdict sans appel à propos des…. dirigeants de Carre Aviation. Ces derniers avaient tenté de débouter la décision d’autoriser des perquisitions chez eux, à la suite d’une enquête de l’administration fiscale sur leurs revenus déclarés en France. Car si leur société était bien sise à Malte, eux habitaient en France, et notamment à Magagnosc. Le jugement révélait trois sociétés en plus de la Maltaise, Carre Aviation Ltd installé à l’Ile de Man, Carre Aviation Monaco à Monaco, et Carre Aviation Georgia… en Georgie. La lecture du document est assez sidérante, montrant la difficulté pour les douaniers à s’y retrouver dans le dossier de la société d’exploitation d’avion, aux archives plutôt brumeuses : « Les recherches entreprises par l’administration ont permis de constater que la société dont le siège est à l’Île de Man est représentée par la société Ils fiduciaires à la même adresse qui est celle du siège de 18 sociétés, et que le capital social est détenu par une société Oaklawn, aux Îles Vierges Britanniques dont les actionnaires ne sont pas identifiés et qui est elle-même domiciliée chez Ils fiduciaires. Il s’en induit la présomption que Carre Aviation Limited avait son siège de domiciliation à l’Île de Man mais qu’elle ne disposait pas des moyens nécessaires à l’exercice de son activité dans les pays et aux adresses retrouvées. La société Carre aviation Georgia est inconnue des bases de données internationales pour la Géorgie.La société Carre aviation Monaco, entreprise individuelle ayant eu une activité à l’étranger dans le domaine de l’aviation d’affaires, est radiée du registre de commerce bien que ses coordonnées soient restées sur le site et sur l’annuaire téléphonique officiel de la Principauté de Monaco. »
Autre « particularisme » de la société, le jugement évoquait aussi l’existence d’un autre avion, l’ex P4-CRJ devenu VP-BHX chez Carre Aviation le 2 décembre 2007 et passé chez Comlux Malta en mai 2009 (en 9H-AFU, Comlux est Suisse, avec des bases à Indianapolis et Bahrain) puis chez Fallbrook Pty Ltd le 02 avril 2011. L’avion, un Bombardier CRJ2 n° 7176; de plus grande taille encore, avait été affrété par Carre pour le compte de Badri Patarkatsichvili, le patron d’Imedi Media Holding, situé à Tbilissi, Géorgie ( d’où la filiale CarreAviation en Géorgie). Un autre cas d’espèce, celui-là : c’était l’homme le plus riche du pays, très lié à à l’oligarque russe Boris Berezovsky , il avait même été président du Comité olympique de Géorgie, et il s’intéressait au football comme Nanard : il était en effet président de l’équipe du Dynamo Tbilissi et avait des parts dans le club de football West Ham United… l’homme avait fort mauvaise réputation, il était accusé de détournement de fonds, et plus grave encore d’avoir été mêlé à plusieurs assassinats politiques commis en Géorgie et en Russie, tel celui du journaliste Vlad Listyev en 1995. C’était un ferme opposant à Mikhaïl Saakachvili (reconverti de manière surprenante gouverneur d’Odessa depuis, nommé par Petro Porochenko !). Son (long) Bombardier CRJ2, il n’en avait pas longtemps profité : le 12 février 2008, on l’avait retrouvé mort dans sa propriété de Leatherhead, dans le Surrey en Angleterre. Crise cardiaque officiellement, à 52 ans, ce qui paraissait un peu trop jeune pour être vrai. L’avion avait été photographié l’année d’après, en février 2009, à Dinard/Pleurtuit-St. Malo (photo à droite).
Chez Carre Aviation l’immatriculation s’était faite dans les îles anglaises d’Anguilla, d’où l’immatriculation surprenante en « VP ». L’immatriculation P4 étant tout aussi saisissante : c’est celui de l’île d’Aruba ! Le jugement rappelait que l’administration ne peut pas effectivement « procéder à des opérations de visite et de saisie que s’il existe des présomptions qu’un contribuable se soustrait à l’établissement ou au paiement des impôts sur le revenu ou sur les bénéfices ou de la taxe sur la valeur ajoutée en se livrant à des achats ou à des ventes sans facture, en utilisant ou en délivrant des factures ou des documents ne se rapportant pas à des opérations réelles ou en omettant sciemment de passer ou de faire passer des écritures ou en passant ou en faisant passer sciemment des écritures inexactes ou fictives dans des documents comptables dont la tenue est imposée par le code général des impôts ». Et qu’en ce qui concernait Carre Avation il y avait bien eu dissimulation…
Car l’étonnante firme Carre Aviation avait un catalogue de propriétaires plus que sulfureux, auprès desquels Nanard aurait pu passer pour un ange… elle gérait tout d’abord aussi un beau Falcon 900, le n° 62 9H-WLD (ici à gauche) appartenant à deux (ex) complices: André Guelfi et… Bernard Tapie, on y revient encore. Guelfi n’est autre que le célèbre « Dédé la sardine »… (un surnom qui lui vient d’avoir été ‘industriel de la pêche au large du Maroc et de la Mauritanie). Les deux hommes avaient en effet fait connaissance en prison : RSS, salarie Bernard Tapie autour de 50 00
0 francs par mois (7 600 euros) et autant en notes de frais, et ce, jusqu’en 2000. Au total, avec les intérêts, l’ancien patron d’Adidas serait redevable de 14 millions d’euros vis-à-vis d’André Guelfi. » « l’histoire a été cent fois racontée. André Guelfi, impliqué dans l’affaire Elf, et Bernard Tapie, compromis dans le match truqué OM-Valenciennes, se retrouvent à la prison de la Santé en 1997. Les deux hommes sympathisent et l’ancien (il est né en 1919 au Maroc) décide d’aider l’ex-ministre de la Ville de François Mitterrand, alors au fond du trou. André Guelfi, très bien introduit dans les pays de l’ex-URSS.Evidemment ce n’est pas ce qu’il avait fait, à son retour en fortune : « de son côté, l’ancien patron de l’OM promet, dans un protocole d’accord signé le 4 mai 2000, de partager avec André Guelfi « les bénéfices escomptés d’un procès intenté au Crédit lyonnais » sur l’affaire de la vente d’Adidas. Seulement voilà, lorsqu’en juillet 2008 Bernard Tapie perçoit 403 millions d’euros,
non seulement il n’entend pas partager, mais il insulte André Guefi, hurlant : « Tu n’es qu’un vieux fou, je ne te donnerai jamais un centime. » « Je regretterai toujours d’avoir aidé cet individu alors que tout le monde lui tournait le dos. Tapie n’a aucune morale, aucune reconnaissance », lâche « Dédé la sardine », très amer. » Nanard aurait quand même lâché à Guelfi 4,5 millions d’euros entre février et septembre 2012, parait-il… c’est ce qu’on dit. Mais aucun des deux ne le confirme. Carre Aviation gère aussi le Bombardier BD-700-1A11 Global 5000 immatriculé P4-MMM (auparavant 9H-VSM chez Carre Aviation), visible ici à droite et depuis janvier 2014 passé chez JetMagic Ltd.. dont l’adresse est comme par hasard elle aussi à Sliema, à Malte…. La page de présentation de Jet Magic n’offrant même pas un seul type d’appareil... et encore moins un seul tarif de location (ça ne se fait pas, dans le milieu, de toutes façons !) L’immatriculation P4 est celle des îles Aruba !!! Une île néerlandaise d’un peu plus de 110 000 habitants au nord du Venezuela… présentée ici en 2005 comme le paradis de la cocaïne !!!







Le la cour d’appel de Paris condamne en tout cas ce dernier à rembourser 405 millions d’euros de cet arbitrage… mais il ne lui en reste pas autant…déjà. La vente en décembre 2014 de son Gulfstream (et la vente réelle au mois de mars suivant) signifiait-il qu’il avait été informé à l’avance, et par qui, de ce qui lui arriverait en novembre 2015 ? « Devant le tribunal de commerce, le camp Tapie a produit une note d’un avocat fiscaliste, Me Patrick Philip, détaillant les avoirs de l’ancien ministre de la ville. Des 345 millions d’euros accordés en juillet 2008 par un tribunal arbitral, il ne reste plus, à en croire ce document, que 101,5 millions, après paiement des impôts et dettes. Dont 97 millions ont déjà été saisis par la justice pénale, l’instruction menée par le juge Serge Tournaire portant sur un éventuel trucage de l’arbitrage. Ce à quoi il faut ajouter les 45 millions perçus par les époux Tapie au titre du préjudice moral, réinvestis pour moitié dans La Provence et le reste dans diverses propriétés »… L’homme a pris les devants, visiblement. Impossible en tout cas de dire « pauvre Nanard, va » quand on sait aujourd’hui tout cela ! Canard, c’est bien… le roi des embrouilles !
GhostofMomo
(1) l’histoire du Boeing 737 d’IBK est tout un poème nous raconte ici le journal Notre Nation :
« Selon les enquêteurs du BVG, un « mandat de recherche exclusif » a été signé, le 22 décembre 2013, en faveur d’un prétendu » conseiller du gouvernement » po
ur effectuer des « recherches » et acheter un avion. Les frais de « recherche » ont coûté au contribuable malien 145. 350. 000 francs CFA . Ce » conseiller du gouvernement » est la société Sky Color, immatriculée à Hong-Kong avec un numéro de téléphone mobile du Gabon ! Les honoraires de conseiller payés à Sky Color se sont élevés à un milliard 28 millions de francs CFA. Le représentant de Sky Color est M. Marc Gaffajoli, par ailleurs Administrateur de la compagnie d’aviation Afrijet dont le propriétaire est, selon l’ancien ministre de la Défense, M. MICHEL TOMI qui fait l’objet d’une enquête judiciaire en France pour » blanchiment » et » corruption d’agent public étranger » !!!
– le 10 février 2014, la société Akira Investments Limited immatriculée aux Îles Vierges britanniques (petites Antilles) a établi avec le Mali un » contrat de cession-acquisition » d’un Boeing 737. Les signataires étaient le ministre de La Défense du Mali et M. Marc Gaffajoli de Sky Color agissant en lieu et place d’Akira Investments Ltd. L’ancien ministre de la Défense a dit, le 24 août, aux vérificateurs, que Akira Investments est une « société-écran » créée pour l’opération d’acquisition du Boeing présidentiel !!
– Le ministre signataire du contrat d’achat du Boeing 737 a avoué, selon le BVG, que l’avion n’est pas propriété du Mali malgré les décaissements effectués à hauteur de 19 milliards de francs CFA.
– Le 737 a été immatriculé sur le registre de l’aviation civile de l’île d’Aruba (Antilles néerlandaises) située au large du Vénézuela au nom de la société » Mali BBJ Limited ». Cette Société a été constituée le 7 mars 2014 à Anguilla (un territoire britannique d’outre mer situé dans les petites Antilles) selon un mandat donné, le 5 mars, à un avocat d’affaires par le Gouvernement du Mali aux fins de constituer une société pour immatriculer l’avion et l’exploiter.
– Pour l’exploitation du Boeing, le Gouvernement d’Aruba a attribué une licence radio avec des fréquences à une société dénommée « Jet Magic Limited » située à St-Julian sur l’île de Malte !
– En vue de l’utilisation de l’avion par le Président du Mali, un contrat-bail a été signé entre le ministère de la Défense du Mali et la société « Mali BJJ Ltd » (une société créée par le Gouvernement du Mali). « Mali BJJ Ltd » étant une société créée par le Mali, les redevances générées par l’exploitation de l’avion devraient être payées au Mali. Or, nul ne sait si un franc a été versé au trésor au titre de la location de l’avion par le Gouvernement malien ou par d’autres.
– Car Jet Magic loue l’avion à d’autres quand IBK ne l’utilise pas. Ainsi le 737 » malien » a été aperçu récemment sur les aéroports d’Istanbul (Turquie) et de Dakar (Sénégal). »
(2) La société a des dons certains de phœnix : « En effet, JetMagic a subitement cessé de fonctionner le 28 janvier 2004 après la saisie d’un de ses avions par Aer Rianta pour défaut de paiement des droits d’atterrissage. Et subitement, revoilà la compagnie Jet Magic qui jaillit des ténèbres (nota : il semble que là il y ait confusion avec la société Jet Magic qui était irlandaise, basée à Cork en fait !!!). Cette fois-ci basée à Malte. C’est cette société nébuleuse qui gère le Boeing censé appartenir au Mali. Il faudra d’ailleurs que les autorités maliennes prouvent que cet avion appartient réellement au Mali, puisqu’il a été immatriculé sur l’île d’Aruba dans les Petites Antilles néerlandaises, il fait partie du Royaume des Pays-Bas . Bizarre ! Et surtout, que personne n’essaye de s’informer sur cette compagnie, Jet Magic, parce qu’elle refuse de communiquer sur son site web, sous le prétexte qu’elle transporte des chefs d’Etat et de hautes personnalités. Comme toute indication sur son existence, les informations du site web se résument à cette phrase. Comment un Etat sérieux peut-il traiter avec une compagnie pareille ? IBK doit des explications aux Maliens et surtout, il faut que les papiers de l’avion soient brandis devant tout le monde afin de convaincre que cet avion a été bel et bien acheté et demeure une propriété du Mali. De sérieux doutes persistent car aucune raison ne pourrait justifier qu’un avion appartenant au Mali soit immatriculé dans un endroit qui rappelle les hauts faits de la mafia. En plus, elle est immatriculée par une société censée renaître de ses cendres, après une faillite causée par des dettes et des fraudes fiscales. »
(3) Evolution Jet était cité dès le 20 novembre 2012 comme étant un paravent pour Carre : « Attendu dès lors qu’il résulte de ce qui précède que Marc X…et la société Carré aviation limited sont susceptibles de détenir des documents ou supports d’informations relatifs à la fraude présumée./ Attendu que la ligne téléphonique fixe numéro 09 71 48 xx xx, active depuis le 08/ 09/ 2009, est ouverte au nom de Marc X…avec une adresse client » MME F…Vanessa …06520 Magagnosc » (pièce n° 10),/ attendu qu’à l’adresse sise …, Grasse 06520 Magagnosc, se trouve une boîte aux lettres sur laquelle il est indiqué la mention » Evolution jet international (SAS) » (pièce n° 13),/ attendu dès lors que Regina X…née C…, Vanessa F… et Evolution jet international (Sas) sont susceptibles d’occuper tout ou partie des locaux en commun avec Marc X…et la société Carré aviation limited./ Attendu qu’ainsi, les locaux sis à Magagnosc (06520), …présumés être conjointement occupés par Marc X…et/ ou la société Carré aviation limited et/ ou Regina X…née C…et/ ou Vanessa F… et/ ou Evolution jet international (SAS) sont susceptibles de contenir de documents ou supports d’informations relatifs à la fraude présumée »…
Le journal citoyen est une tribune. Les opinions qu’on y retrouve sont propres à leurs auteurs.
Falcon, mon Jiminyi Cricket des avions me signale
« Le Learjet dont descend Tapie n’est pas le N838RC (un Lear 60 du magnat des vêtements et restaurants anglais Richard Caring, revendu M-AIRS à Davis Mairs, milliardaire anglais dans les assurances. Cet avion était franchement noir), mais le Lear 45 bleu marine HB-VML de … Robert Louis-Dreyfus, qui a racheté Adidas à Tapie, via le Crédit Lyonnais !
https://www.planespotters.net/photo/209132/m-airs-private-learjet-60
tout le monde aura noté dans l’article ceci
» En juillet 2008, le tribunal arbitral ordonne de rendre 243 millions d’euros à Tapie, au titre matériel, plus 115 millions d’euros d’intérêts pour le préjudice datant de 1993, et ajoute même 45 millionsd’euros de préjudice moral en cadeau : cela fait au total 403 millions !!! La ministre des Finances Christine Lagarde (future dirigeante du FMI) a en effet donné son accord. »
on le comparera donc à cette annonce :
http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2015/12/17/01016-20151217ARTFIG00219-christine-lagarde-sera-jugee-pour-l-arbitrage-tapie.php
comme quoi tout arrive…